Petite devinette : qu'est-ce qui attire un amas de 150 p'tits vieux d'en moyenne 70-80 ans au cinéma un mercredi après-midi ? Alors que certains se précipitent voir un dessin nanimé avec leur arrière-petit-chiard, les oubliés de leur progéniture optent pour une valeur sûre, le dernier Claude Chabrol.

Et ils ont raison ! Car le Chabrol millésimé 2006 n'est pas un Chabrol comme les autres, c'est un Chabrol original en plus d’être réussi. Fini la trente-six-millième histoire d'un bourgeois de province coincé entre ses principes vieillots et un tabou meurtrier, l'ivresse du pouvoir sort des thèmes habituel de Cloclo pour traiter d'une affaire judiciaire bien juteuse non sans rappeler le fiasco ELF.

N'essayer pourtant pas d'y voir un documentaire détaillé sur les principes de la corruption chez les grands comptes ou sur le passage de valise, le film reste évasif sur ces points (regardez plutôt le documentaire de Pierre Carles intitulé "Affaire en cours"). L'ivresse du pouvoir est plutôt une sorte de fresque psychologique visant à montrer la part humaine des protagonistes, qu'ils soient hommes de loi ou gros requins.

La morale est toute simple, mais efficace. Les juges d'instruction possèdent le pouvoir de rétablir un semblant de justice dans la société, mais quand ils arrivent à leur fin, ils sont souvent manipulés par un très gros poisson quasiment intouchable, sauf si lui même s'avère gênant pour un autre plus gros. Il n'y a ainsi pas de justice pour l'élite sociale, il n'y a que des erreurs de stratégie, des coups plus ou moins bien placés sur un jeu d'échec à l'échelle de notre planète.

En somme, l'ivresse du pouvoir est loin d'être complet du point de vue factuel, mais parfait dans ce qu'il veut nous raconter. Pour ceux qui connaissent un peu l'affaire ELF, c'est aussi un amusant jeu de piste où l'on peut essayer de deviner qui correspond à qui, même si « Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé ne serait que pure coïncidence ». Mais bien sûr…

l'ivresse du pouvoir