Mais dites donc madame Michu ? Qu'est-ce que Desperate Housevives (beautés désespérées) ? Mais comment ça monsieur Mireille ! Vous me voyez fort étonnée de vous apprendre cela ! C'est nouvelle série à la mode dont sont fan les amerloques. Comme moi, vous avez du en entendre parler, un peu comme LOST cet été. Elle fait partie de ces séries que l'on souhaite voir pour regagner un peu de vie sociale au boulot, car tout le monde, de la secrétaire de direction à la technicienne de surface jusqu'aux commerciaux du premier étage, en parlent.

Voilà une série qui, au premier abord, intrigue. Un titre aguicheur, un générique "cosmétiquement pas mal" et une classe moyenne, banlieusarde jusqu'aux homoplates, resplendissante dans toute sa médiocrité. On salive ! On veut du spectacle ! De la vieille bourgeoise tueuse ! De l'adultère en quantité industrielle ! Des palettes d'anecdotes croustillantes !

Certes, de tout ceci, il vous en est offert. Mais encore faut-il supporter ce que le film soutient. Derrière ces airs de critique de l'Amérique profonde à la Dogville, se dissimule un bon gros flan bien flasque, bien mou, qui vous appâte par son enrobage, mais fini par vous donner des flatulences.

Comme dirait un proverbe bien connu, mieux vaut se méfier du silence des pantoufles que du bruit des bottes. Et pardi ! Parmi les sujets puissamment réac' de la droite républicaine bien tradi, on retrouve en vrac :

- la peine de mort que deux protagonistes défendent dans un état où elle n'est pas pratiquée,
- des fauteurs qui payent toujours pour leur méfait. L'ordre est ainsi toujours rétabli,
- des personnages secondaires qu'il importe peu d'éliminer,
- l'adultère vécu comme le pire des pêchers,
- une glorification des valeurs familiales, de la vie de femme au foyer, ébranlée parfois par quelques mésaventures certes, mais toujours avec empathie,
- la présence d'une démocrate (Eddie) évidemment putasse, mauvaise et trompeuse,
- des pédés qui se font casser la gueule, ou dépeints comme des pervers détraqués,
- des asiats qui servent les riches blancs-becs,
- des porto-ricains catholiques sans aucune morale,
- l'avortement totalement occulté dans un débat où il aurait mille fois pu figurer…

On secoue le tout pas trop trop fort, histoire de rester dans le mou tendance gras du bide, et on obtient une auto-critique complaisante et bien teinté politiquement.

Résumons ainsi brièvement qu'est-ce que représente pour le public les personnages de cette série.

Susan est totalement transparente. En un demi-épisode, on peut la cerner et s'identifier. Forcément célibataire pour qu'elle puisse s'envoyer de la chair fraîche, elle semble avoir été conçue pour être au centre de la série, avant que Bree ne lui vole la vedette.

Bree Van de Camp, c'est la femme de la haute, qui sait garder sa dignité. Elle sait recevoir et paraître. Il s'agit également du personnage le plus charismatique. Nul doute que les créateurs de la série se sont amusés avec les traits de sa personnalité, sa caricature tendant souvent vers le burlesque.

Lynette Scavo incarne le fantasme de la revanche de la femme sur l'homme, elle abandonne ainsi son rôle de femme au foyer pour revenir à sa brillante carrière, et bien sûr, elle y fait des étincelles.

Gabrielle est la petite peste amorale qui s'envoie en l'air avec son jardinier. Elle sert d'échappatoire pour soulager les fantasmes de notre bonne vielle ménagère de moins de 50 ans - comme aiment dire les journalistes.

Et les hommes me direz-vous ? Certifiés 100% meuble. Ils sont lâches, banals, détestables. Il est clair qu'ils ne font pas partie de la cible visée. Ils n'ont d'ailleurs aucune vie propre une fois sortie du champ de la caméra.

Et ma conclusion à tout cela ?

Décidemment, toutes ces nouvelles séries me débectent toutes plus les unes que les autres. Le fait qu'elles soient sacrément populaires me fout le bourdon. Sociologiquement cependant, elles peuvent avoir un intérêt. Il faut voir cela comme un portrait fidèle de l'Amérique moderne décomplexée, vu de l'intérieur. Dommage par contre qu'on s'en lasse aussi vite...

Je me retrouve ainsi à la recherche d'une vraie bonne série doté d'un zeste d'originalité et de critiques sincères. Six feet under m'a l'air déjà beaucoup plus à mon goût, mais je suis sûre qu'on peut trouver mieux. Une idée ? (Toute époque confondue)